Perdue

Cela commençait toujours de la même façon... Avant même que les images se précisent, elle sut ce qui allait se passer, se débattit comme pour retarder l'instant fatidique.
Elle entrait dans l'endroit, ses mains serrées sur des papiers... Sa robe se prenait dans la porte a battants.
Impossible de se dégager.
Le bois du chambranle lâchait des petits grincements ridicules dans le silence. Son agacement se muait peu à peu en affolement.
Une seule idée tournait inlassablement dans sa tête. Elle allait être en retard. On avait besoin d'elle. Elle ne savait pas qui, ni où mais cette impression la harcelait jusqu'à l'obsession et l'empêchait de se libérer. la sueur ruisselait sur son front.
et puis tout à coup, la porte s'ouvrait à la volée. Un vent violent s'engouffrait dans l'endroit. Elle tombait à la renverse et roulait sur les dalles sans pouvoir se retenir. les papiers s'éparpillaient loin d'elle. Elle roulait, roulait et butait contre un mur.
Une immense porte se dressait devant elle. Elle devait l'atteindre et l'ouvrir mais plus elle s'approchait et plus la porte s'éloignait. Ses mains ne trouvaient pas de prises. Elle essayait de crier mais aucun son ne jaillissait de ses lèvres.
Des ricanements ricochaient sur le mur, des hommes sans visages la regardaient en riant et en la montrant du doigt.
Au prix d'un effort surhumain, elle parvenait à atteindre la porte qu'elle ouvrit pour se sentir tomber dans un gouffre profond.
elle poussa un hurlement et de redressa dans son lit.